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On ne se demande plus où va Algérie... On sait où elle s'en est allée, au Diable et à Vau l'Eau, on se demande si elle va en revenir en Diable ou à Vélo !

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 Elle est très loin d’Algérie, celle que les latins nommaient « administratio », formé de « ad » (« à », signifiant « pour ») et « ministratio » ( service, aide, soin d'une chose, conduite, etc. ) et que les grecs désignent par « oikonomia », limitée dans l’antiquité à l’intendance domestique de la maison, la surveillance et la gérance de propriétés des tiers, etc. donc l’administration, une fonction (honorable au demeurant),  organisatrice et normative de la vie communautaire, des activités et relations internes et externes, d’un corps social (Etat, Institution ou Entreprise), en vue , dit un article de Wikipédia, de « soumettre une structure hiérarchique à la société, dans le but de veiller à sa prospérité » (rien moins !). Ce qui lui confère logiquement une organisation définie en rapport et autour de rôles et missions (nobles par ailleurs), de buts et objectifs (éminemment sociaux s’il en est), de structures et organes (censés être responsables, respectables et respectueux) et de ressources (humaines dignes de considération, financières et matérielles ou technologiques aussi considérables), ainsi que des méthodes et procédures  appuyées à des liaisons conçues toutes de sagesse et de bon sens fonctionnel et hiérarchique... Par ailleurs la bureaucratie (terme énoncé par Vincent Marquis de Gourney dans les années 1750) va lui apporter, selon Max Weber (1864-1920), des qualités, notamment internes, (relations d’autorité dans le cadre d’obligations impersonnelles et officielles, hiérarchie d’emplois et champ de compétence définis, contrat de travail, critères de compétences à l’emploi, contrôle du travail, etc.) qui vont contribuer à accroitre l’efficacité de l’état et de ses fonctionnaires (pour Hegel, ceux ci étaient quasiment des héros. Eh, oui !)

L’enfer de héros et de bonnes intentions !

On aura beau lui trouver de qualités et l’idéaliser à l’instar de Max Weber (1864-1920) (relations d’autorité dans le cadre d’obligations impersonnelles et officielles, hiérarchie d’emplois et champ de compétence définis, contrat de travail, critères de compétences à l’emploi, contrôle du travail, etc.), ladite bureaucratie se fourvoie dans « le pouvoir des bureaux » ! On sait ce qu’il en est de par le monde, un édit après l’autre, d’actes en actes, un décret et le suivant, de loi en loi puis un règlement en appelant d’autres, règles, oukases,  permis et interdits, les uns après les autres affluent … Entretemps agissent les idées,  politiques, religions, guerres, révolutions, les partis et les hommes et les coups d’états qui les mettent au pouvoir et les en démettent. La bureaucratie aimera peu à peu à être la dépositaire empressée du pouvoir discrétionnaire, seigneurial, royal ou monarchique, impérial sinon, despotique ou policier, peu importe. Quoi qu’il en soit, les algériens doivent trouver mot plus persécutant pour désigner les « birouwètes » auxquels ils se rendent à leur corps défendant. Peut être « bourreauwètes ou bourourouwètes ». La papirocratie incarne cette sorte de superpuissance supranaturelle, occulte et obscure des curateurs, procurateurs, archontes ou suffètes et autres prévôts ou capitouls et échevins dont elle semble puiser la substance et l’esprit au gré de ses détours, de plus en plus soucieuse de se plier, avec plus ou moins de zèle (plutôt plus que moins se conseille-t-elle) aux volontés et aux désirs du plus puissant, du chef, du clan ou de la bande, du cercle ou de la clique dominante. Dès son allégeance consommée, elle se tourne contre ce qu’elle désignera au mieux comme « peuple » ou bon gré mal gré comme « citoyen » (du bout des lèvres eu égard à l’acidité corrosive de la charge subversive de ce phonème). Puis elle entreprend aussitôt de se protéger de cette subversion en énonçant notamment que « nul n’est censé ignorer la loi » et que « El kanoun lä yahmi el moughafaline, la loi ne protège pas les naïfs, les étourdis… ». Elle traduit par ailleurs, à l’intention de ceux là dont elle postule qu’ils sachent tout et de ceux là qui ne le sauraient pas, que « Etat de droit » veut dire « Etat de la loi, dawlat el kanoun ». Tant pis pour le droit (el hak ») et les « innocents, les imbéciles, les non-juristes, et autres naïfs et demeurés».

La bureau-police en action

Il s’en suit pour la bureaucratie, la nécessité inhérente de contrôler la conformité de l’existence de la plupart des gens à la profusion de conditions qu’elle a ainsi créées.  Et cela génère le besoin pour elle, donc pour tout le monde, de « Preuves Matérielles » qu’il faudrait aussi directes que possible, sur le seul support matériel fiable après la tablette d’argile et le papyrus, le papier de bureau… D’où son formalisme de plus en plus fermé en raison duquel elle impose de plus en plus de recourir à elle pour en obtenir et lui fournir des preuves en papier et en quantité croissante, chacune de ses répliques, lesdits services ou bureaux, exigeant des « preuves matérielles » pour eux-mêmes, et ainsi de suite. Agit ainsi l’esprit policier subséquent à la suspicion atavique qu’elle entretient contre la velléité subversive consubstantielle de la « foule, ghachi » que représente pour elle la population des administrés qui deviennent tous à ses yeux  des criminels à priori, donc des prévenus en sursis d’être emprisonnés pour de bon. Ce formalisme va être aussi induit par une sorte d’effet boomerang de son système autarcique de prise de décision, de législation ou de réglementation à huis clos excluant la concertation ou le dialogue préalable avec les concernés ou destinataires de ses dispositions. Evidemment, comme le note Michel Crozier « les acteurs inclus dans une situation bureaucratique, peuvent manquer d'efficacité et d'initiative à cause des règles car celles-ci ne peuvent en prévoir toutes les situations ». N’empêche, la bureaucratie se revendiquant orgueilleusement de la perfection ou au contraire arrogante infatuée de sa médiocrité, elle place celle-ci et ses erreurs ou errements au rang de la compétence rare. Alors, Impassible, Imperturbable et endurante, on prend tout le temps qu’il plait de prendre pour (s’)assurer (de) la conformité des existences à ses prescriptions autoritaires. Comme ces dernières, à son grand dam, ne sont pas assez standardisées pour elle, son formalisme suspicieux donne naissance à la sophistication (inénarrable) de ses outils de contrôle documentaire pour palier les risques externes de fraude et internes d’erreurs. De sorte que, note encore Michel Crozier, les agents n’ayant plus aucune initiative à cause des règles strictes, leur incapacité va faire que d’autres vont « prendre une parcelle de pouvoir, en dehors ou à côté de ce qui est prévu par les règlements ». Ce qui fait dire, nonobstant qu’elle se complique de gérontocratie, que « la bureaucratie peut être caractérisée comme une organisation qui n'arrive pas à se corriger ».

La vaine sophistication

Des « dispositions » sont alors prises pour limiter ces « dérives individuelles, isolées, circonscrites » puis d’autres (dé)mesures et (in)dispositions, et ainsi de suite, sans aucune amélioration pour les administrés. Cette sophistication d’essence plus policière que véritablement sécuritaire (sinon pour la sécurité des bureaucrates eux-mêmes) pousse l’anachronisme jusqu’à exiger des gens qu’ils apposent l’empreinte digitale de l’index gauche à côté de leur signature (que l’on sache écrire ou pas) afin établir un contrat quelconque (plus tard ce sera probablement un prélèvement de l’ADN ; au moins cela ferait plus moderne). Mais cela ne suffisant pas contre son doute existentiel, elle verse carrément dans la manie du détail, faisant que la même situation d’état civil ou administrative, par exemple, donne lieu à trois ou quatre documents différents (sinon plus),  démultipliant les « genres de preuves » comme pour la résidence (la carte, l’attestation, le certificat pour la CNI et un autre pour le passeport), ou la naissance (extraits d’acte de naissance n° 12, 13, 14 et 12 S), et même pour la nationalité (le 12S et le certificat du tribunal). En ajoutant cette autre bizarrerie maniaque qui consiste dans la courte durée de validité des documents. Tant, et pour ne parler que des cas ou des dossiers les plus familiers, que des documents facultatifs (carte de vote, par exemple) acquièrent statut d’institutions vitales ! Car et toujours pour sa sécurité, l’habitant d’Algérie doit présenter un nouveau dossier garant de son identité (des fois qu’on l’aurait perdue entre deux cartes d’identités nationales) et même (à un moment de crise d’«insécuritéite» aigue) des témoins de son existence (des fois qu’un fantôme aurait fait ses études ou son service national à sa place). Quid d’une fiche familiale (pour les mariés), ainsi que d’un certificat de nationalité lorsque sont exigés le 12S ou les extraits d’actes de naissance du père et du grand père pour un dossier de passeport ou de carte d’identité nationale (sachant que selon la loi, cette disposition ayant été appliquée, le seul acte de naissance du père ou de la mère est suffisant pour établir la nationalité)? Malheur à qui aurait surtout la malencontreuse ou heureuse obligation de changer de domicile ! Quid d’une fiche de radiation de la liste électorale (en sus du certificat de résidence présenté en bonne et due forme) pour l’établissement d’une carte grise? Quid de la durée de résidence (06 mois) pour avoir droit à un certificat. Quid de cette exigence de l’ensemble des relevés de notes et même le procès verbal de délibération d’un examen national, pour autoriser le transfert d’un élève à un établissement scolaire ? Mais malheureusement ces tracas ne sont pas seulement dans la pléthore paperassière mais aussi dans le contenu (informations) des documents. Outre les erreurs de l’état civil, quid des renseignements sur le(s) conjoint(s), le nombre des épouses,  ainsi que sur les enfants, de même que la dernière adresse du demandeur de CNI ou de passeport? Et cette exigence, pour l’établissement d’une carte grise, de fournir une facture portant la même adresse que la résidence de l’acheteur du véhicule? Las, on n’en finirait jamais de ces points d’interrogation, car la « papyrodictature » est dans tous les lieux publics ou privés où les gens travaillent en groupe ou individuellement.

La voie de l’informel démocratique

On s’explique ainsi quelque peu l’afflux de tous ces gens en besoin, esprits et corps empêtrés, harassés et démotivés du travail, par la tracasserie d’une velléité quasi inquisitrice de recherche et de garantie de preuves en papier-bourreau, débordant de superflu. Fatalement dans chaque service de chaque secteur d’activité elle sévit abusivement, jusque dans… une station d’essence par exemple, où il lui prend de demander au « client » de faire déplacer son véhicule d’une pompe à une autre afin d’en présenter la bouche du réservoir « du bon côté (sic) ». Ainsi qu’il lui prend dans un pseudo supermarché où on est contraint, après avoir payé son article, d’aller au fond du Bazard (quelques 300m dans la foule des acheteurs) pour se faire établir une facture, et revenir devant la caisse pour enfin pouvoir quitter les lieux (à jamais, quant à certains) ! Elle fait payer chèrement un Losange « en réclame », réclamée jusqu’à ne plus pouvoir ni payer ni effectuer les déplacements, attendue jusqu’à en oublier de la réclamer (sachant que le constructeur vendeur exige de légaliser (!) toute requête écrite pour un accusé de réception !). Règne « l’Informel », ce fumeux procédé, par ailleurs corrupteur autant que corrompu, faiseur et défaiseur de procédures (dites « lois » à l’occasion, les limites de la langue aidant et d’autres), et que le discours réductionniste (de la bureaucratie) tente de ne situer que dans la sphère marchande (commerce informel) alors qu’il infecte tous les bureaux de tous les secteurs d’activité publiques ou privés. Et il préside donc tant lorsqu’il s’agit de se faire recruter, que pour obtenir un raccordement électrique, au gaz, à l’eau ou au téléphone, etc. Quant à accéder à l’achat d’un terrain à construire auprès de l’agence publique, ou obtenir un permis de construire ! Pour un prêt bancaire… Il faudrait d’abord être un banquier (sinon un banqueroutier) puis s’endetter sans compter (aller retours, coups de téléphone, un café par ci, un autre par là, un casse croûte, etc.). Il faut être jeune, universitaire et avoir un travail, et « plus si affinités » ; en fait devenir vieux, eu égard au temps de finir les études, de trouver un emploi « permanent, de le garder… donc exclu par âgisme.

Qui a dit : E-Gouvernance ?

Mais aussi comme la bureaucratie se prémunit par tous moyens (légal, n’est ce pas) contre « son ennemi mortel » le demandeur  de ses services, elle commence par le dépouiller de toute espèce de moyen de recours contre elle, le cas échéant. Quid donc de ce fameux « accusé de réception» que plus aucune « autorité » ne délivre (dossier de carte grise, ou demande quelconque). Y compris lorsqu’elles donnent l’illusion de la modernité, en se dotant de site Internet par exemple et bien sûr de la fameuse fenêtre de contact avec le public, bien rares les « boites », administrations, ou les services qui laissent le loisir de garder copie d’un e-mail de réclamation ! En fait elle n’écoute, n’entend, ne voit, ne touche, ne sent et ne ressent que ce qui lui agrée, la réconforte et la conforte dans ses bureaux et ses fauteuils, en assure le confort et la sécurité. Aussi ne s’organise-t-elle que pour elle-même, limitant l’étendue de ses « permanences » quand elle daigne en instaurer par un samedi, modifiant à sa guise ses procédures, les lieux (guichets, centres, annexes, etc.), les horaires ou les moyens des prestations, comme les critères d’accès aux espaces de libertés ou d’éligibilité aux droits. Peu lui en chaut en l’occurrence, que ses « normes »  soient le plus souvent des suppressions, des fermetures ou des interdits abusifs. Et peu lui importe d’en aviser au moins préalablement son « public ». E-Gouvernance pourra toujours attendre la citoyenneté dans les birouwètes.

C’est « pour une sécurité de vie meilleure »

Passe que les rues soient non seulement interdites de stationner partout et pendant tous les jours que Dieu fait, elles sont interdites de circuler pour les piétons qui doivent se munir dorénavant d’amulettes pour éloigner les verbalisations. Les  routes sont stressantes (aggravant le fameux facteur humain de l’accidentalité routière), piégées par les ralentisseurs intempestifs, les crevasses et inondations, les radars mobiles, fixes, dissimulés ou annoncés, ainsi que par l’excès de limitation de vitesse (abus de limitation s’il en fut, qui est en soi une création artificielle du délit), sans compter les signalisations ambigües ou non règlementaires. Mais les élans bureaucratiques « pour une sécurité de vie meilleure » vont à la tentation de « fichage massif », via par exemple les documents biométriques (biomatraques ou biotriques, selon les mauvaises langues).  

Entre la Régression Inféconde et la Répression stérile

Il fut un temps où l’on se demandait où allait Algérie. Dans les années 1990, un sociologue bien inspiré prédisait (ou préconisait) ce qu’il appelait la « Régression Féconde » pour cette même Algérie. Depuis, et pour leur sécurité, bien sûr, les habitants de ce pays Entre Régression Inféconde et Répression Stérile sont devenus  tous des présumés délinquants,  potentiels prévenus en liberté surveillée, car tous candidats à la chambre « démocratique » de la corruption, en tant que corrompus ou corrupteurs, de fait ou par velléité, voleurs par vocation, chômeurs par ambition, inciviques et immoraux par contamination pandémique, dangereux par la naissance ou l’Histoire… Il y a lieu donc d’une mobilisation sans faille et sans répit de la force « biomatrique » ou « bureautrique. De sorte que les espaces publics (y compris littéraires) sont sinon fermés, vidés ou livrés au danger. Signe des temps, nous savons maintenant où Algérie s’en est allée. En  reviendra-t-elle un jour, et si oui, en diable ou à vélo,  s’y retrouverait-t-elle?

Il y a une justice

En attendant, ici, là ou ailleurs, partout pareille à elle-même, Bureaucratie se réplique à l’infini (d’aucun dirait qu’elle métastase), et chaque jour, à leur corps défendant, les gens connaissent sa compagnie, contraints d’aller à elle ou bien elle venant, pour une raison ou une autre, d’une manière ou d’une autre.  Elle a sectionné le corps social algérien en hommes, femmes, jeunes, vieux, travailleurs, chômeurs, moudjahidines, enfants de chouhada, paysans, retraités, célibataires, mariés, en autant de sections sociales virtuelles et abstraites et non significatives qu’elles en sont insignifiantes et donc à ignorer totalement. Ce dont elle ne se prive pas (logique), omettant du coup de distinguer les riches et les pauvres, et pour cause, il faut dissimuler les riches aux yeux des pauvres pour protéger les uns contre les tentations des autres. Mais aussi pour « être juste envers tout le monde » avec des subventions miraculeuses. Cependant elle les regroupe tous dans une seule catégorie comme délinquants, non pas potentiels, mais plutôt des prévenus, des condamnés avec  sursis ou en liberté provisoire (en attendant l’achèvement de la construction des diverses maisons d’arrêt…). Comme si d’être né et demeuré algérien devait être puni…


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par exemple d’anciennes plaques (dépassement interdit ou limitation de vitesse, etc.) placées pendant des travaux achevés depuis longtemps, ou  sur des routes dont on a doublé les voies, etc. 

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